Tous "icono-holic"! Le web a-t-il remplacé le texte par l’image?
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Photo ou vidéo, l’image donne l’impression de s’imposer sur le web aujourd’hui. Sommes-nous dans un rapport de force?
Cet article est un compte-rendu de la conférence d’ouverture des Journées du Contenu Web 2014 à Euratechnologies: Content marketing, moins de texte, mais désormais des images?
Présent pour 2 débats dans la journée, j’ai pu assister à cet échange entre Hervé Bernard, auteur du livre et du blog Regard sur l’image, et Guillaume Ridolfi créateur de la société Headoo, spécialisée en picture marketing.
Voici ce que j’ai retenu du débat, avec mes propres réflexions.
[pullquote]Si on apprend à goûter le vin, pourquoi ne pas apprendre à goûter les images (Hervé Bernard).[/pullquote]Sommes-nous passés à l’ère du picture marketing?
Picture marketing: La co-génération d’un média destiné à l’appropriation et la diffusion par son bénéficiaire sur ses propres réseaux sociaux.
En somme, avec le succès des images sur les réseaux sociaux et la multiplication de solutions, applis, et fonctionnalités basées sur la création et le partage de photos et vidéos, les marques adaptent leur stratégie.
On laisse au fan la possibilité de diffuser les images sur les réseaux sociaux. La création de contenu est horizontale.
Pourtant, Hervé Bernard, photographe, souligne qu’image et texte sont inséparables. En citant un poème comme l’Horloge de Baudelaire, ou un tableau comme la Chute d’Icare, il montre que l’image n’existe pas sans le texte. Ils sont deux moyens de raconter une histoire.
La culture de l’image, ou l’acculturation à l’image?
Il faut apprendre à lire et à comprendre une image: une image se définit par le regard qui la parcourt. Car chacun a sa lecture de la même image.
Certes il est facile de dire que nous appartenons à une culture de l’image, et que la puissance du web contribue à renforcer le « poids des photos ». Mais l’image a ses codes selon la culture à laquelle celui qui la lit appartient. Les religions en sont un exemple frappant relevé par les deux experts. Mais même au sein d’un contexte, les codes peuvent se télescoper. Hervé Bernard cite les couleurs : en Allemagne, le vert est la couleur de l’écologie et de la police…
Sur le web, un designer qui choisit le jaune pour sa page d’accueil doit savoir que c’est le symbole du soleil, mais aussi celui du traître, du vendu.
Hervé Bernard pose la question, Comment fait-on pour apprendre l’image? Selon lui on ne l’enseigne pas assez bien à l’école.
Tous « icono-holic »? la quantité ou la qualité de l’image sur le web
Que va représenter le monde de l’image par rapport au texte demain? C’est LA question qui clôt le débat.
Un constat: l’infographie est très pertinente sur le web car elle permet de présenter des infos synthétiques, intelligibles, et beaucoup de messages. Mais victime de son succès, elle est déjà devenue un média sur-utilisé.
Quel que soit notre rôle sur le web, mieux vaut donc faire attention au piège de la surconsommation de l’image. Nous sommes des « icono-holic ».
En tant que créateur de contenu, comment veiller à la qualité?
L’un des deux conférenciers propose de se fixer 20 à 30% de l’information totale d’une page générée par l’image… mais comment mesurer?
Une piste intéressante mais qui n’ira pas plus loin, l’éducation: « si on apprend à goûter le vin, pourquoi ne pas apprendre à goûter les images » (Hervé Bernard).
Comment faire à l’heure ou les plus jeunes générations fonctionnent beaucoup par les images? Et comment résister à un effet pervers de Google qui pousse les plus pressés vers la quantité?
Le débat n’ira malheureusement pas plus loin, mais je retiens l’intervention d’Eve Demange, une autre habituée des Journées du Contenu web: elle remarque que dans la rédaction web ceux qui sortent du lot sont ceux qui ont pris le temps de se dessiner une image, et de tabler sur la qualité. L’objectif est donc de se créer sa propre ligne éditoriale. Images et textes confondus.
Vous avez participé au #JCW et vous avez noté autre chose sur le sujet? Vous n’y étiez pas mais vous avez une idée pour approfondir la question? N’hésitez pas!
Commentaires
Pour un développement autour de notre intoxication à l’image, voir Regard sur l’image, ce livre est notamment sous-tendu par l’idée que notre abus de l’image fait de nous des iconoclastes.
Merci pour ce compte-rendu