Quand il faut faire long
Étiquettes : comportements, lisibilité, principes rédactionnels
Suite aux commentaires, notamment de Sébastien et d’Encyclopédie, déposés au bas de mon billet Court ou long, je voudrais revenir sur la question de la longueur du contenu.
Entre l’idée et la réalité
Il va de soi que l’utilisation de titres et de sous-titres, l’espacement des lignes et des paragraphes, les polices de caractère… bref tout ce qui touche à la lisibilité formelle du contenu est primordiale. Toujours primordiale. Je n’ai de cesse d’ailleurs de le répéter dans mes billets (voir les Catégories Lisibilité, Forme, Contenu) de ce blog.
Il va de soi également qu’il faut aller (d’abord) à l’essentiel et jeter le superflu. Qu’il faut captiver l’attention de son lecteur. Qu’il faut lui donner vite et bien ce qu’il cherche. Ces règles de lisibilité de fond, je les répète aussi sans cesse.
Mais la lisibilité n’est pas la seule réalité du contenu Web. Croire qu’elle seule détermine la publication de votre contenu, c’est faire l’économie du client, d’un certain type d’utilisateur et d’une certaine utilité de certains sites Web.
On ne fait pas toujours ce qu’on veut
Il n’y a pas de recette miracle et universelle. Les règles de lisibilité optimale n’échappent pas aux contraintes. L’une d’elles est la longueur du contenu. Quelques exemples ?
- L’historique d’une grande société renommée, traditionnelle et ancienne
- Les textes des normes, inventions, lois et autres textes réglementaires et légaux
- Les procès-verbaux de conférences, les thèses de doctorat, les discours de personnalités, etc.
Souvenons-nous de cet article que j’ai posté sur mon ancien blog, dans lequel j’adhérais à cette distinction entre deux types de sites internet:
La première catégorie rassemble les sites dont le contenu est majoritairement défini par les besoins des internautes. Un site d’aéroport par exemple. Dans ce cas, l’architecte procède par induction : connaissant les besoins des clients, quelle sera l’architecture du site ?La seconde catégorie rassemble les sites dont le contenu est majoritairement défini par l’ensemble des informations que possède l’institution, publique ou privée, qui crée le site.
N’oublions pas, non plus, que l’utilisateur n’épouse pas toujours le même profil, lui non plus. Là encore, je vous renvoie à un article de mon ancien blog, où je distinguais 4 profils d’utilisateurs :
- Les visiteurs qui pourraient tout aussi bien regarder la télé. Ceux-ci zappent sur le Net en quête de toute distraction et autre friandise audio-visuelle. Le contenu textuel ne leur sert qu’à se diriger vers la surprise suivante.
- Les utilisateurs qui veulent de l’information applicable à leur propre travail. Ils veulent vos statistiques pour leur rapport, votre plan d’entreprise pour élaborer leur propre modèle. Ils raffolent du clic prêt à l’emploi, détestent utiliser la fonction de déroulement et aucun d’entre eux n’a jamais vu un site qu’ils trouvent vraiment attrayant.
- Les lecteurs (espèce rare). Ils utilisent, eux, la fonction déroulement et parcourent de longs documents, voire même des livres entiers ! A moins qu’ils ne les téléchargent, les impriment et les lisent ensuite dans leur fauteuil, comme ils feraient avec tout autre contenu imprimé.
- Les « écouteurs » (espèce en plein développement). Qu’ils soient malvoyants ou non, ceux-ci utilisent des programmes qui lisent le texte apparaissant à l’écran. A mesure que les programmes vocaux augmentent en qualité, les internautes sont de plus en plus nombreux à les utiliser.
C’est dit: les vrais lecteurs sont rares. Mais ils existent. Tout comme les gens qui mesurent 2,10 m. Pourtant, les portes des supermarchés dépassent de loin la taille moyenne des hommes et des femmes…
Le contenu sous toutes ses formes
En revanche, je suis, bien évidemment, tout à fait favorable au recours à d’autres modes de publication que le texte continu pour distiller les longs contenus.
- Le Parlement européen propose un rendu de ses sessions plénières en vidéo.
- Le nouveau site Wrangler propose son historique sous forme de ligne du temps.
Voilà de quoi entretenir le débat 😉
Commentaires
« A mesure que les programmes vocaux augmentent en qualité, les internautes sont de plus en plus nombreux à les utiliser. » c’est une impression ou tu as des sources ?
Cher Katsoura,
Ce n’est pas une impression. J’ai suivi un peu la question dans le cadre d’un projet client, il y a plus d’un an. Je renvoie d’ailleurs à cet article sur blindlife.ch, dont j’ai suivi le forum un moment (et où il apert que les programmes vocaux sont bien accueillis).
http://www.blindlife.ch/index.php?option=com_content&task=view&id=56&Itemid=84
Toi, tu en sais quelque chose ?
C’est bien ce que je dis c’est qu’une impression. J’ai pas dit qu’elle était mauvaise ou bonne. Je voulais juste savoir si tu pouvais donner des chiffres ou des stat. Y a tellement peu d’infos à ce sujet. Ca fait longtemps que je suis sensibilisé à la question. Je pense qu’il n’y a pas de corrélation entre la qualité du logiciel et l’augmentation des utilisateurs. Les causes sont ailleurs. La qualité de ces logiciels s’améliorent certes mais le problème se trouve souvent ailleurs: des webmasters qui codent comme des quilles. Du coup on ne peut pas jeter la responsabilité au logiciel. Enfin… vaste débat.
J’ai un peu mal avec Blindlife quand je vois qu’on ne peut pas agrandir le texte et que le CMS utilisé est Mambo (au moins 20 erreur au validateur w3c par page) … pour un site sur/pour les personnes aveugles, c’est mal parti !
Oups, le texte s’agrandit, autant pour moi 😉