Mais, pourquoi tu ne lis pas cet article jusqu’au bout?!
Étiquettes : comportements, contenu web
Personne ne lit un article en entier sur le web. Je te propose de t’expliquer pourquoi. Et qui sait, peut-être arriveras-tu au bout, il y a une surprise…
Grâce à ma collègue Jessica, j’ai lu en entier cet article de Slate US qui parle des gens qui ne lisent pas les articles en entier. Quel drôle de comportement tu ne trouves pas?
Pour expliquer les mécanismes humains de la lecture sur le web, Fahrad Manjoo dépasse le simple stade de la frustration de l’auteur. Avec du style et des stats.
Seulement un tout petit pourcentage de personnes lit jusqu’au bout
Sache qu’une part importante des visiteurs qui arrivent sur un article le quitte sans avoir rien fait d’autre qu’afficher la page. Simplement, ils s’en vont après quelques secondes, et font grimper le taux de rebond.
A peine le temps de se demander ce qui leur a bien pris de cliquer alors que la longueur de cet article t’emmène déjà sous la ligne de flottaison. Et tu as perdu 10% des camarades qui te restaient: ceux qui n’ont pas daigné « scroller ».
C’est ce que montre ce graphique présenté par Manjoo et établi par Chartbeat, sur la base des sites gérés par cette agence d’analyse de trafic.
On y voit aussi que la part du contenu d’une page consulté par la moyenne de ses visiteurs est de 60% (attention: hors ceux du taux de rebond, non comptabilisés). Coïncidence, nous y sommes à peu près aux 60%. Lecteur arrivé jusqu’ici, tu appartiens déjà à une espèce en voie de disparition.
Tu noteras enfin le pic à la fin de l’article (à 100%). Il s’agit de ceux qui sont attirés par les jolies images ou les vidéos qui y ont été placées. Ca attire les gens les jolies images à la fin (sache que je t’en ai mis une tout en bas).
Et si tu as remarqué que le graphique dépasse les 100%, sache que ces batons-là représentent ce qu’il y a sous l’article: commentaires, etc.
Partager ce qu’on n’a pas lu
Connais-tu l’expression « la course à l’échalotte »? C’est ce que représente un second graphique de l’article de Manjoo.
Comme tu peux le constater, beaucoup d’articles sont tweetés alors qu’ils ne sont pas lus. Et les articles lus en entier ne sont pas forcément plus tweetés. On pourrait aussi appeler ça le partage forcené sans même avoir lu.
Tu te demandes peut-être comment se fait-il qu’il n’y ait pas de lien entre la part de contenu d’une page lue par ses visiteurs et son volume de partage.
Au lieu de faire des remarques intelligentes dis-toi que les « commentateurs » font aussi bien que les « tweetteurs »: «Vraiment super cet article sur le fait de ne pas lire un article jusqu’au bout. Bon boulot!», écrirait-on en commentaire. Ce qui est super, c’est surtout que balancer un commentaire apporte de la visibilité bon marché au petit malin, et du trafic vers son site. Qu’il ait lu plus qu’une ligne ou pas.
La durée d’attention de l’être humain rétrécit de façon inquiétante
L’explication, c’est que les gens ne peuvent pas rester concentrés sur une chose. Malheureux tu ne crois pas?
La plupart diront qu’ils n’ont pas le temps. Les autres diront qu’on est trop connectés, trop sollicités.
Les pessimistes diront que le genre humain s’abrutit. Mais ne poussons pas, on fait quand même mieux que les poissons rouges quand même! Tout juste?
Comparer la durée moyenne de l’attention d’un humain et d’un poisson rouge (lignes 1, 2 et 3) est une chose. Mais cette étude très sérieuse des usages web me permet surtout de calculer qu’à ce stade, soit environ 600 mots, toi et le peu de survivants qui sont encore là en avez effectivement lu 168. Bravo!
Il y a encore certainement des dizaines d’études désolantes à débusquer sur le sujet mais je m’arrête là. Merci à toi, « Highlander du web », pour être arrivé jusque là. Tu peux retourner à tes lolcats ou sur Youporn.
Commentaires
Bonjour,
le constat est en effet assez désolant 🙂 mais devrait-on s’arrêter d’écrire pour autant?
Si on écrit pour vendre, c’est vrai qu’il semble inutile de s’épuiser pour créer du contenu original.
Si le propos est informatif ou s’il s’agit de diffuser une idée, soyons patients, il y aura bien un « highlander » qui traîne et s’intéresse un peu.
En tout cas, courage, il en reste!
Cordialement
Michel
Bravo pour cette approche originale, qui ne fait que confirmer ce que journaux et maisons d’édition dénoncent depuis des décennies.
Bonne journée
Je dois l’avouer je n’ai pas lu en entier, mea culpa, manque de temps, paresse, lecture en diagonale…
Je pense que le Web ce n’est finalement pas si différent d’un magazine que tu parcours en regardant en premier les chouettes images, photos, les gros titres, les citations et après si ça te tente tu lis ce qu’il y a à l’intérieur. Il faut que la boite te donne envie sinon tu ne l’ouvres pas.
Le cerveau contourne les problèmes c’est humain, on est fainéant par nature. Tu dis qu’il y a une surprise à la fin pour ceux qui arrive à lire l’article en entier, on peut toujours scroller sans lire, avoir la surprise sans effort, mais c’est nettement moins savoureux. C’est un peu comme celui qui lit la fin du livre sans avoir tout lu.
Mais l’écriture n’est pas à l’agonie, même si on ne lit pas tout, on lit quand même ce qui nous intéresse et ça c’est l’essentielle.
Merci pour cet agréable article dan lequel vous avez bien décortiquer ce problème, mais si la solution réside dan les méthodes de rédaction ?? pourquoi ne pas innover ces dernières.
nous avons rédigée un article sur ce sujet http://niixa.com/optimiser-articles-seo/ merci et bonne continuation .
Vraiment super cet article sur le fait de ne pas lire un article jusqu’au bout. Bon boulot! 😀 (Fallait bien que quelqu’un la fasse, non ?).
Plus sérieusement, ce que je trouve inquiétant n’est pas tant la durée d’attention de l’être humain qui va en rétrécissant, que la proportion de gens qui partagent des articles qu’ils n’ont pas lu, ou seulement en partie, uniquement pour se faire mousser sur les réseaux sociaux.
Pour ce qui est du temps d’attention qu’on accorde aux articles quand on parcourt le web, je suis assez d’accord avec Hélène : on lit ce qui nous intéresse. A partir de là, il faut peut-être s’interroger sur la qualité de ce qui nous est proposé !
Pour finir ce petit commentaire, je suis tombé hier sur un article très intéressant à propos de Larry Page (créateur de google), j’ai laissé tombé au bout d’une demi-heure de lecture… Je vous met au défi de le lire d’un trait 🙂 : http://www.businessinsider.com/larry-page-the-untold-story-2014-4#!Hy6mB
Merci Kevin pour la 1ère partie de ton commentaire. Elle est géniale du coup je n’ai pas lu la suite!
Sache que je vais essayer de me pencher sur ton article marathon du Business Insider. Ca a l’air intéressant, merci pour le partage.
Bravo romain pour cet article génial, si je résume je fais parti d’une majorité au vu pour l’instant de mon commentaire qui n’apporte pas grand chose.:-) mais je fais parti êgalement d’une minorité d’internaute qui prennent le temps de dire ce qui pense, et Je pense que ça dêpasse le web, mais nous sommes aujourdhui et faisons parti de cette generation a ne plus être totalement concentrê a ce que l’on fait. Par exemple lorsque tu conduis, qui aujourdhui conduit et à le tèlêphone entre les mains? Ton article résume la société d’aujourd’hui !
En règle général je lis un article jusqu’au bout, dans le détail ou alors en diagonal. Je lis un article jusqu’au bout dans 2 cas de figure. Soit le sujet de cet article m’intéresse particulièrement, soit je regarde le contenu rédactionnel de l’éditeur, les tournures de phrases, etc …
Dans le 1er cas, cela me fait penser au fait que le lecteur doit être captivé dans les 7 à 10 premières secondes de lecture. Et des blogueurs et blogueuses insistaient pour dire qu’il fallait dire ou donner le meilleur dès les premières lignes (dans le chapeau). Et le lecteur,s’il trouve un intérêt, il doit normalement le lire pour consulter l’argumentaire et le développement. Enfin c’est mon cas
Dans le 2e cas, je profite des idées mais surtout de la construction des articles de leur contenu et de la qualité de la rédaction. Comme on doit nous aussi écrire des articles, je pense qu’il est nécessaire de voir ce que font les autres, non pas pour copier, mais pour nous aider dans la construction d’un article(On ne crée jamais à 100%).
Toutefois je pense que les études réalisées que tu relates dans ton article, est un reflet de notre société. On court, on essaie de voir de visionner le plus de choses possible. Mais de cette course, on n’en retire pas beaucoup ou très peu de chose.
C’est un peu de la faute de ceux et celles qui nous préconisent de consulter le maximum d’articles et de laisser un maximum de commentaires, dans le but unique d’améliorer le référencement de notre blog ou site(formateur au blogging, …)
Je reconnais que moi aussi, je cours, mais dès que vois une information susceptible de m’être profitable, maintenant ou plus tard, je ralentis le rythme, et je donne du temps au temps ; Je prends mon temps pour mieux apprendre et comprendre, mais aussi par respect à la personne qui l’a écrit. Et lorsque j’écris un commentaire. C’est ma façon de remercier l’éditeur de son article, de part la qualité de son contenu ou de la qualité de sa rédactionnelle.
Au vue du nombre de mots de ce commentaire, j’ai été sensible à ton Marie-Eve
A très bientôt. Max