Internet et le journalisme augmenté
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Internet et les réseaux sociaux ont-ils-tué le journalisme? La réponse est non. Du journalisme traditionnel on passerait au Journalisme « augmenté ».
Parmi tous les secteurs d’activité, c’est celui du Journalisme qui a été le plus ébranlé par Internet.
Jadis considéré comme le pape de l’information, le journaliste a chuté de son piédestal.
Il n’est plus LE détenteur de l’information. L’information est partout.
La chance de survie du journaliste serait de pratiquer un journalisme réinventé: le journalisme augmenté ou Web 2.0. Un concept récemment détaillé par Eric Scherer, analyste des médias en France, dans un essai intitulé « A-t-on encore besoin des journalistes? Manifeste pour un journalisme augmenté ».
Le journalisme augmenté ou le rôle de « Monsieur Tri »
C’est peu dire que la diffusion d’informations a explosé ces dernières années.
Des informations en majorité accessibles gratuitement via les sites, blogs, ou tout ce qui a trait au Web 2.0 et son interactivité.
Quel rôle peut encore jouer un journaliste dans cette masse déferlante d’informations quotidiennes?
Fini le temps de la collecte des faits et éléments, l’analyse, le commentaire, la prise d’opinion. Terminé les grandes enquêtes sur le terrain, faute de moyens de la part des éditeurs.
Désormais, ce n’est plus le journaliste qui va à l’information, mais l’information qui vient au journaliste.
C’est dans ce registre que le journaliste reprend son rôle d’expert en endossant le costume et les compétences de « Monsieur Tri ». Son travail est désormais de trier, choisir, vérifier, authentifier les informations. Et de les restituer de manière structurée et hiérarchisée.
En pratiquant de la sorte, le journaliste pratique ce qu’on appelle désormais le journalisme augmenté et devient un journaliste interactif.
[pullquote]Désormais ce n’est plus le journaliste qui va à l’information, mais l’information qui vient au journaliste.[/pullquote]Les outils du journalisme augmenté
Aujourd’hui, tout le monde peut être journaliste et diffuser ses contenus sur le Web.
Des contenus partagés donc exploitables par le journaliste.
Ses habitudes de travail sont dès lors modifiées: il doit s’ouvrir vers l’extérieur et laisser l’information et les contenus entrer au lieu d’aller les chercher.
Dans son rôle de « Monsieur Tri », le journaliste doit désormais se fidéliser aux outils web susceptibles de lui apporter une information de qualité. Flux RSS, métadonnées, affiliation, agrégation des données, sont autant de moyens pour faire du tri sélectif de contenus.
Écrire dans le contexte du journalisme augmenté
C’est certainement le plus gros changement pour le journaliste.
Avec Internet, les lecteurs ont adopté une nouvelle attitude de lecture. Face à leur écran, ils scannent la page de haut en bas et zappent rapidement vers un autre site si le contenu n’est pas relevant dès les premiers mots et les premiers titres.
Fini les longs articles où on développe en longueur le sujet. C’est dès le premières lignes qu’il faut aller à l’essentiel: le quoi, le qui, le quand et enfin le pourquoi et le comment.
Le message principal est en amont, le reste suit après.
Le style doit être vif et dynamique, les phrases courtes, les mots accrocheurs.
Un exercice difficile dans la mesure où le journaliste part de sources récoltées sur le Web. Toute son expertise va se révéler dans la manière où, à partir d’informations existantes, il va offrir du contexte, de la perspective, de l’analyse, un ton, une approche.
C’est là que le journaliste sauve son métier. Face à la diffusion massive d’informations, plus personne n’est vraiment correctement informé. En triant et en enrichissant les contenus diffusés, le journaliste reprend son rôle initial: diffuser une information à haute valeur ajoutée.
Commentaires
Le rôle du vrai journaliste, c’est d’enquêter, de rapporter des faits pour éclairer le lecteur sur le monde. Chaque jour, il doit se poser la question : « quoi de neuf pour faire comprendre ce monde ? » Sans ce travail, le lecteur n’a pas les outils pour analyser et comprendre les faits qui défilent en boucle à la télé, sur les tablettes, à la une des journaux.
Ce n’est pas en bidonnant qu’on fait progresser la qualité de l’information ; c’est pourtant monnaie courante.
Il faut faire vivre le vrai journalisme.
Oui, dans le « quoi de neuf pour comprendre ce monde? », Web, TV, radio, presse écrite fournissent leur lot quotidien d’informations. Avec souvent beaucoup de contradictions. Et c’est là que le journaliste peut faire la différence. Défricher, traiter, restituer. Et sur le Web – à la différence des autres médias – il peut franchement exprimer son opinion et ne pas se limiter au devoir d’information.
J’ai moi-même été journaliste pendant une dizaine années et pour moi leur principale qualité est : avoir plusieurs sources, les vérifier et les confronter. Objectif : donner aux lecteurs un avis complet, neutre, objectif et de qualité, comme tu l’écris.
Mais le problème est là : à cause de la communication instantanée, les sources ne sont plus vérifiées. Certains se contentent même de faire du copier-coller sans citer leurs sources.
Halte à la Fast-com ! Oui, être un rédacteur pro demande souvent de freiner des deux pieds face aux exigences du tout « ici et maintenant ».
Côté référencement, je ne crois plus au référencement « naturel ». Le journaliste, même complet, neutre, objectif doit être proactif face au référencement. Il doit désormais connaître le SEO. « Balise-title, etc. doivent désormais aussi faire partie des compétences des journalistes.
Bonjour,
Je suis bien d’accord avec vous. Comme je le disais dans l’article, Internet fournit de multiples sources aux journalistes. Son expertise est de décanter l’ensemble et de voir ce qui est fiable ou non avant de rédiger.
Du côté du référencement, encore d’accord. Le journaliste qui écrit sur le web doit écrire « SEO », au risque de ne pas être lu. Trouver ses mots clefs, rédiger son fil de fer, écrire son article, et le passer dans un outil qui vérifie la pertinence SEO. En pratique, c’est un gros changement dans la manière d’écrire.